La réussite d’un ultra ne repose pas uniquement sur les jambes, mais aussi sur un état d’esprit solide. Un mental enthousiaste agit comme un moteur puissant lorsque les kilomètres s’accumulent et que la fatigue s’installe. Cet enthousiasme, c’est l’art d’apprécier ce que l’on a et ce que l’on vit, de trouver de la joie dans le travail, l’entraînement et l’effort.
Comme le dit Fergus lors des briefings de la Race Across : 'Un cycliste qui sourit est un cycliste qui va plus vite
Cette phrase résonne en moi, car elle illustre parfaitement le pouvoir d’un mental positif. Lorsque la fatigue est bien présente, quelque soit le domaine dans la vie : Au travail ou sur un ultra lorsque la météo est froide et humide, on pourrait trouver 1000 raisons d'arrêter et de retourner sous un plaid à boire un chocolat chaud. L'enthousiasme, c'est aussi savoir s'émerveiller, admirer et s'étonner lorsque nous sommes en pleine forêt ou au beau milieu d'un col alpin. Cette qualité a souvent pour effet de rallier les autres et de renforcer notre propre détermination. L’enthousiasme est cette étincelle qui vous fait vibrer à l’idée du défi. Il peut transformer la peur de l’inconnu en une excitation positive.
Si l'enthousiasme nous pousse à avancer avec joie, l'optimisme nous aide à envisager le chemin avec sérénité.
L'optimisme a aussi son effet, celui de croire en soi et en ses capacités, à visualiser une issue positive même dans les moments difficiles. Cet état d'esprit stimule la persévérance et renforce la capacité à rebondir face aux imprévus. Attention néanmoins à cette qualité pour plusieurs raisons :
- Un excès d'optimisme peut conduire à ignorer ou minimiser les dangers potentiels, ce qui peut compromettre la préparation nécessaire, que ce soit dans le sport, le travail ou la vie quotidienne. Par exemple, en ultra-distance, cela pourrait signifier partir sans un matériel adapté ou sous-estimer les effets de la fatigue.
- En s'attendant systématiquement à un résultat positif, une personne peut être plus durement affectée en cas de déception. Cela peut entraîner une perte de confiance en soi ou une démotivation si l'échec n'est pas bien géré.
Pour avancer avec confiance, il est essentiel de cultiver un équilibre : être optimiste tout en restant réaliste. Cela implique d’évaluer honnêtement les défis tout en croyant en nos capacités à les relever. Chaque succès, mais aussi chaque échec, peut devenir une opportunité d’affiner notre jugement et d’améliorer notre vision des choses.
Exemple : Sur la Race Across France 2024, la majorité des cyclistes ont traversé le massif central sous des averses et dans le froid. J'ai appliqué mes routines en m'habillant chaudement et en mettant une gapette sous mon casque qui m'a tenu chaud à la tête et qui m'a mis dans un état d'esprit où rien de pouvait m'arrêter. J'avais l'impression d'être Wilfried Peeters sortant de la trouée d'Arenberg sur Paris Roubaix 2001.
Je ne pouvais pas contrôler la météo alors plutôt que de perdre de l'énergie à m'apitoyer sur mon sort je me suis dit que j'avais énormément de chance de faire cette aventure et que le meilleur était à venir. J'ai continué avec le sourire et je ne garde pas un mauvais souvenir de cette traversée.
Cette expérience résume une vérité universelle : face à l’adversité ou aux difficultés de la vie, c’est notre état d’esprit et notre attitude qui fait toute la différence. L’enthousiasme et l’optimisme, lorsqu’ils sont bien dosés, deviennent des alliés précieux, que ce soit pour un ultra ou dans les défis du quotidien.
Trouver son "Pourquoi" : La boussole intérieure
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Dans toute aventure sportive, qu’il s’agisse d’un ultra, d’une cyclosportive ou d’une course en ligne, les moments de doute et de "moins bien" sont inévitables. Que vous soyez confrontés à une montée interminable, à une fatigue extrême ou à un mental vacillant, une question cruciale se pose :
pourquoi suis-je ici
?
Votre "pourquoi" est bien plus qu’une réponse. C’est un phare, une source de motivation profonde qui vous guide, même lorsque la lucidité fait défaut. C’est la raison fondamentale pour laquelle vous avez choisi de relever ce défi. Lorsque vous traversez une période difficile, ce "pourquoi" doit être clair et précis, capable de réveiller en vous une énergie insoupçonnée.
Pourquoi définir votre "Pourquoi"
?
La motivation, sa volonté, son état d’esprit ou de manière plus générale son mental peut être fluctuant. Il peut être fort au départ, mais face à l’épreuve, il peut vaciller. Votre "pourquoi" agit comme une ancre dans ces moments de trouble. Il donne du sens à vos efforts et répond à des questions profondes qui peuvent survenir.
Comment trouver votre "Pourquoi"
?
Voici un exercice pratique pour définir votre "pourquoi" et lui donner du sens :
Posez-vous les bonnes questions :
- Que représente cette course ou ce défi pour moi ?
- Quelles valeurs ou émotions je souhaite vivre à travers cette expérience ?
- Comment ce projet s’inscrit-il dans mon histoire personnelle ?
En répondant à ces questions, vous accédez à une motivation profonde, bien plus puissante que les encouragements extérieurs ou l’envie de performance.
C’est la source de motivation la plus puissante.
Prenez le temps d’écrire : Cela peut être sous forme de phrases courtes ou d’un paragraphe. Revenez-y régulièrement pour l’ajuster, car il évoluera au fil de votre pratique. Rendez-le personnel et inspirant : Votre "pourquoi" doit résonner avec vos aspirations les plus profondes. Ce n’est pas seulement une motivation, mais une vision qui vous pousse à avancer, quel que soit l’obstacle.
Mon "Pourquo
i"
Pour illustrer cet exercice, voici mon propre "pourquoi" :
- Sortir de ma zone de confort et aller au contact de mes limites physiques et mentales pour les repousser.
- Apprendre à mieux me connaître dans les situations les plus inconfortables.
- Découvrir des paysages et des régions sur un vélo.
- Transmettre des idées, un état d’esprit et inspirer ceux qui ont envie de partir à l’aventure.
- Vivre des aventures ultra ordinaires.
- Rester enthousiaste quelles que soient les situations et forger mon état d'esprit.
Pour moi, l’inspiration est un moteur puissant. Chaque fois que je vois quelqu’un relever un défi que je pensais inaccessible, je me dis : si certains l’ont fait, pourquoi pas moi ?
Astuce de la semaine :
Les turbo-siestes
Une turbo-sieste de 5, 10, 15 ou 20 minutes peut suffire à relancer votre énergie. Le manque de sommeil a souvent tendance à amplifier les pensées parasites, mais en fermant les yeux quelques instants, elles peuvent s’estomper rapidement.
La clé réside dans la capacité à se détendre rapidement, en concentrant pleinement son attention sur cet objectif.
Lors de la RAF, je m'accordais en moyenne une sieste de 10 minutes par jour.
"Les pires moments d'une expédition sont aussi les meilleurs quand on parvient à les surmonter"